Enjeux sectoriels

Comment devenir un retailer plus écoresponsable ?

Un client achète des fruits et légumes dans une boutique avec un contenant réutilisable

En France, 70 % des consommateurs s’admettent parfaitement conscients du lien entre leurs choix de consommation et l’avenir de la planète. Face à cette réalité, les retailers doivent faire des choix stratégiques, favorisant simultanément développement économique et écologie. Dans une industrie reconnue aujourd’hui encore pour son impact carbone, le défi de l’écoresponsabilité fait désormais partie des priorités, et peut être appréhendé sur plusieurs plans.

Pourquoi tous les professionnels de la distribution doivent prendre le chemin de l’écoresponsabilité ?

Une conscience écologique de plus en plus marquée

Les études statistiques le prouvent : la conscience écologique des consommateurs ne cesse de croître, et ceci à une vitesse plutôt importante. Progressivement, celle-ci vient affecter les mœurs et les habitudes de toutes les générations et catégories sociales, même si quelques disparités subsistent.

Concrètement, 72 % des consommateurs français souhaitaient déjà se mobiliser en faveur d’une consommation écoresponsable en 2021. En constante progression, ce même chiffre a atteint les 76 % en 2022.

De leur côté, les autorités interviennent aussi pour accélérer cette transition vers une société plus responsable : avec la loi AGEC, Climat et Résilience et le Pacte vert pour l’Europe, l’Union Européenne s’engage à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50 % d’ici 2030. La neutralité carbone, quant à elle, doit être atteinte à l’horizon 2050, sans oublier qu’un décret tertiaire vient encadrer plus précisément les règles en matière de dépenses énergétiques du bâtiment.

Des innovations souvent décriées

Dans le domaine du retail et de la grande distribution, on recherche sans cesse les innovations, celles qui vont permettre de mieux satisfaire la clientèle, de la fidéliser ou plus simplement de se démarquer intelligemment de la concurrence.

Seulement, cette innovation ne peut plus se faire à n’importe quel prix. En effet, innover au détriment du développement durable, c’est se tirer une balle dans le pied quand on travaille dans le commerce et partout ailleurs. Désormais, les clients l’affirment tous, ils préfèrent revenir à l’essentiel plutôt que d’innover à tout prix (90 % des individus sondés).

Côté retailers, le défi devient alors de plus en plus complexe : ceux-ci doivent naturellement assurer la santé économique et le développement de leur business, tout en évitant au maximum les choix dommageables pour l’environnement. Non seulement ces choix risquent d’avoir un impact écologique, mais ils peuvent aussi créer des sentiments négatifs du côté des clients, qui risquent de privilégier d’autres commerçants affichant une politique plus responsable.

Une véritable urgence climatique

Toutes les enseignes de la grande distribution doivent comprendre les besoins de leurs clients pour prendre les meilleures décisions stratégiques. Mais aujourd’hui, cela ne suffit plus. En effet, on demande aussi aux entreprises d’être plus conscientes de leur environnement et de leur impact sur la planète.

À l’heure où les catastrophes naturelles se multiplient et touchent de plus en plus de territoires et que le réchauffement climatique devient une réalité palpable pour tous, chacun a un rôle à jouer dans la préservation de notre planète, de notre écosystème et de la santé de tous.

Innovation et écoresponsabilité dans la grande distribution : comment agir ?

Entre les événements climatiques qui se multiplient et la conscience écologique de plus en plus forte côté consommateurs, le secteur du retail doit relever le défi de l’innovation écoresponsable. Face à cette réalité, plusieurs leviers peuvent être actionnés dans l’optique de conjuguer habilement ces deux enjeux.

L’impact de la supply chain sur la facture carbone du retail

D’après l’étude World Business Council for Sustainable Development de 2022, 25 % des émissions de GES (gaz à effet de serre) dans le monde reposent sur la chaîne d’approvisionnement du commerce et de la grande distribution.

Logiquement, toutes les innovations qui permettent de rendre la supply chain plus écoresponsable, moins polluante et moins gourmande en énergie peuvent avoir un impact positif sur le développement durable.

À l’heure actuelle, chaque étape de la chaîne logistique affecte l’environnement :

  • La phase d’approvisionnement (utilisation de l’huile de palme en matière première et déforestation, par exemple) ;
  • La phase de transformation (émissions importantes de GES par le secteur de l’industrie manufacturière) ;
  • La phase de distribution (transport par la route, le bateau ou encore l’avion).

Plusieurs initiatives sur chacune de ces étapes peuvent contribuer à rendre le modèle économique des retailers plus efficace sur le plan écologique :

  • Utiliser des matières premières moins controversées ;
  • Choisir des process de transformation moins énergivores ;
  • Privilégier les circuits courts et les modes de transport plus verts (camions hybrides, véhicules électriques sur le dernier kilomètre, etc.).

Toujours du côté de la supply chain, des progrès deviennent nécessaires concernant le gaspillage. Parce que contre toute attente, la plus grande part de gaspillage ne vient pas des consommateurs, mais bien des industries. Ce gaspillage émane de problèmes variés au niveau de la chaîne de production : surproduction, problèmes sanitaires ou encore tri sélectif (choix des fruits et légumes qui respectent certains critères, par exemple).

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Réaliser des choix plus écoresponsables dans les magasins : éclairage, usages et modes de consommation

La consommation énergétique des commerces, et plus spécifiquement des hypermarchés, représente un levier considérable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du retail. Il faut énormément d’énergie pour éclairer des dizaines de milliers de mètres carrés de surface, sans oublier que les réfrigérateurs et congélateurs représentent un poste de dépense et de consommation énergétique considérable dans nos commerces.

Un hypermarché peut nécessiter plus de 800 kWh par mètre carré… C’est la consommation annuelle d’une personne qui utilise un ballon d’eau chaude électrique[1].

Dans les magasins, d’autres choix sont déjà reconnus pour leur impact positif sur le développement durable et font consensus :

  • Remplacer les sacs plastiques par des alternatives en papier et / ou réutilisables ;
  • Développer le système de vente en vrac;
  • Privilégier les fournisseurs locaux;
  • Encourager le recyclage des bouteilles et autres emballages par un système de consignes et de bornes à disposition des clients ;
  • Stopper l’impression des prospectus.

Plus généralement, tous les points de vente doivent prendre des mesures de décarbonation, au travers d’une meilleure gestion des énergies dans les espaces de stockage, d’actions pour améliorer l’éclairage et réduire le gaspillage énergétique ou encore avec la mise en place de politiques d’achats responsables. Ces mesures concernent tout le cycle de chaque produit, puisqu’on déploie aussi des dispositifs sur la fin de vie des appareils électroménagers et du mobilier, par exemple.

Favoriser l’économie circulaire et mettre en place des circuits de revente

Bénéfique sur le plan écologique comme sur le plan économique, le système des achats d’occasion a toutes les chances de progresser : plusieurs grandes enseignes se sont déjà lancées dans ce projet.

Les consommateurs apprécient de pouvoir économiser en misant sur la seconde main. Du côté des retailers, ce business représente un beau potentiel, permettant de faire de la marge sans avoir à régir d’approvisionnement et, surtout, sans surproduire.

Économiser dans un contexte inflationniste, valoriser des modes de consommation plus responsables ou encore favoriser l’économie circulaire : les arguments qui valorisent la vente d’occasion dans le retail ne manquent pas… Et cette pratique a toutes les chances de se développer ces prochaines années.

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La blockchain, l’intelligence artificielle et l’IoT au service de l’écoresponsabilité dans le retail

Les nouvelles technologies ont aussi leur rôle à jouer dans la réduction de l’empreinte carbone de la grande distribution et du commerce en général. Par exemple, l’usage de la blockchain tend à se développer pour améliorer le niveau de traçabilité et la transparence sur tous les produits de consommation, à toutes les étapes de la chaîne d’approvisionnement. Avec la blockchain, il devient possible de stocker de nombreuses informations de manière totalement sécurisée, mais également de les transmettre beaucoup plus facilement à tous les acteurs qui en ont besoin.

L’intelligence artificielle peut par ailleurs avoir un rôle à jouer dans cette optique : on l’utilise, par exemple, pour trouver des idées de designs plus écoresponsables sur les nouveaux produits, mais aussi dans le but de mettre en place de nouvelles fonctionnalités / initiatives afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

L’IoT peut également avoir son rôle à jouer dans la création d’un modèle retail plus écoresponsable. Par exemple, pour réduire le gaspillage alimentaire, il existe des capteurs IoT permettant de contrôler en temps réel la chaîne du froid. On évite ainsi les incidents qui peuvent coûter cher, et alourdir l’empreinte carbone de l’industrie agroalimentaire.

Face aux enjeux liés au changement climatique et à la protection de la planète, les professionnels du commerce disposent de plusieurs leviers pour agir et réduire leur empreinte carbone.

Malgré tout, cette recherche de modes de consommation plus verts ne doit pas pénaliser les prix. Et pour cause : dans un contexte d’inflation, le coût de la vie est la 3e préoccupation des Français, derrière la santé et le bien-être de la famille. Si certains sont prêts à payer plus cher pour une consommation plus responsable, de nombreux ménages ne peuvent malheureusement pas se le permettre. Tous les retailers doivent redoubler d’effort pour associer écoresponsabilité et économie, par différentes initiatives et par l’usage d’outils et process plus performants… Le tout sans oublier de prioriser les fondamentaux prix, produit et supply chain.

Sources

Pour en savoir plus, consultez nos autres articles, livres blancs et webinaires.